La Faillite des Nations – Les origines de la puissance, de la prospérité et de la pauvreté écrit par les Professeurs Daron Acemuglu et James A. Robinson

Pourquoi certains pays sont-ils riches et d’autres pauvres ? Dans la Faillite des Nations, Daron et James nous font voyager à travers le temps, l’histoire, les cultures et l’espace à l’aide de nombreux exemples, du néolithique à nos jours, pour répondre à cette question, tout en explorant les autres réponses déjà théorisées par d’autres auteurs. 

Les auteurs démontrent que l’histoire et l’analyse économique suggèrent que c’est la présence ou l’absence de certaines institutions politiques et économiques qui facilite ou entrave le chemin vers la prospérité. Les institutions inclusives permettent à la population de limiter l’exercice du pouvoir politique et à chacun d’exercer des activités économiques conformément à son choix et ses talents. Les institutions extractives, en revanche, réservent un pouvoir politique presque illimité à une élite qui tend à façonner les institutions économiques pour servir des intérêts particuliers plutôt que ceux de la population.

Dans ce livre, Daron et James nous invite fondamentalement à considérer le lien qui existe entre l’économie et la politique. C’est parce que les pays, nations ou sociétés pauvres ont été ou sont dirigés par une élite qui a organisé la société à son profit et au détriment de la majorité du peuple, en gardant le pouvoir politique et économique entre ses mains que le peuple est pauvre.

Pourquoi les institutions des Etats-Unis sont-elles à ce point plus propices au succès économique que celles du Mexique voisin et de toute l’Amérique latine ? La réponse à cette question, selon les auteurs, tient à la manière dont ces sociétés si différentes se sont formées au début de la période coloniale. A cette époque s’est produite une divergence institutionnelle dont les conséquences se font toujours sentir jusqu’aujourd’hui. Et pour cerner cette divergence, il faut remonter à la fondation des colonies d’Amériques du Nord et d’Amérique latine.

En général la stratégie de colonisation était basée sur trois étapes : (1) Capturer le chef ; (2) S’approprier les richesses accumulées par le chef et enfin (3) Se constituer une élite de la société indigène et prendre le contrôle des systèmes existants en imposant des tributs et surtout le travail forcé. Créant ainsi ou encouragent (là où ça existait déjà) des institutions extractives qui vont déterminer, en grande partie, la suite des évènements notamment la non adoption des innovations de la révolution industrielle, créant à tout jamais un monde inégalitaire. Malheureusement, après les indépendances (à quelques exceptions près), les nouveaux leaders des pays indépendants vont perpétuer ce modèle et devenir la nouvelle élite en oubliant le peuple.

Daron et James montrent que le caractère très inégalitaire du monde moderne qui a émergé au XIXe siècle, est la conséquence d’une répartition inégale des technologies industrielles et de la production manufacturière. L’adoption ou non étant décidée par les institutions en place ou les intérêts des élites. Cette fracture technologique persiste encore aujourd’hui et se perpétue à plus grande échelle à mesure que les nouvelles technologies émergent, notamment celles de l’information.

Les institutions économiques inclusives sont celles qui permettent et favorisent la participation de la plupart des citoyens aux activités économiques en tirant le meilleur part de leurs talents et leurs compétences, et permettent aux individus de faire leurs propres choix. Pour être inclusives, les institutions économiques se doivent de comporter un certain nombre d’éléments essentiels : 

  • Protection de la propriété privée
  • Système judicaire impartial
  • Service publics offrant un espace ou pratiquer des échanges et établir des contrats
  • Permettre l’arrivée de nouvelles entreprises (nouvelles idées)
  • Laisser aux gens le choix de leur carrière professionnelle.

Les auteurs montrent que les institutions économiques qui créent les motivations indispensables au progrès économique peuvent redistribuer les revenus et le pouvoir, et cette situation ne convient pas aux dictateurs et autres détenteurs du pouvoir (les élites) et seront donc combattues. Ces institutions peuvent s’obtenir seulement par un long combat et une grande coalition du peuple, car la croissance économique que permettent certaines institutions crée des gagnants et des perdants.

Des groupes puissants s’opposent souvent au progrès économique et aux moteurs de la prospérité. La croissance ne requiert pas seulement une éducation plus universelle et des machines plus ingénieuses et plus nombreuses, mais aussi un processus de transformation et de déstabilisation, associé à une destruction créatrice à grande échelle. 

Pour se prolonger, la croissance doit éviter d’être bloquée par les perdants économiques (qui voient la perte de leurs privilèges) et par les perdants politiques (qui craignent l’érosion de leur pouvoir). Si les groupes hostiles à la croissance l’emportent, ils peuvent arriver à bloquer la croissance – ce qui entrainera la stagnation de l’économie (ou même un recul). L’histoire est ponctuée de conflits portant sur le choix des institutions et la répartition des ressources.

Si la révolution industrielle a commencé en Angleterre, si c’est là qu’elle a connu des plus grandes avancées, c’est parce que ce pays s’est doté d’institutions économiques inclusives uniques. Celles-ci reposent sur des fondations posées par des institutions politiques inclusives, elles-mêmes produites par le Glorieuse Révolution.

La révolution industrielle a produit un moment critique qui a entrainé de profondes transformation dans le monde entier, au XIXe siècle et au-delà ; les sociétés qui ont autorisé et incité leurs citoyens à investir dans de nouvelles technologies ont connu une croissance rapide. D’autres, fort nombreuses, n’ont pas su (ou pas voulu) le faire. Les nations en proie à des institutions politiques et économiques extractives n’ont pas su créer les motivations nécessaires.

Même si les origines de la puissance, de la prospérité et de la pauvreté d’une nation ou région sont multiples et doivent être considérées dans leurs contextes historiques, Daron et James ne croient pas au déterminisme et considèrent que l’histoire offre toujours de moments critiques qui peuvent faire basculer la trajectoire d’une nation d’un côté tout comme d’un autre. Et les exemples sont nombreux notamment la peste noire qui a quasiment mis fin à la féodalité dans la partie occidentale de l’Europe, la traite d’esclaves qui a dépeuplé une grande partie de l’Afrique, les lois, les procès, les conflits, guerres, lutes, activisme, leadership, vision, chance etc.

La théorie centrale du livre montre que pour créer la richesse dans une nation, un certain nombre de facteurs/éléments doivent être en place notamment :

  1. Avoir des institution inclusives (avec un moyen d’équilibrer le pouvoir et influence des élites)
  2. Avoir un pouvoir (administration, autorité) centralisé
  3. Accepter la destruction créatrice
  4. Avoir un leadership visionnaire (cas du Botswana)
  5. Savoir naviguer ou capitaliser les moment critiques (providentiels) qu’offre l’histoire
  6. Il faut aussi avoir de la chance (Il faut lire le livre pour comprendre)

Je recommande ce livre pour toute personne qui désire comprendre les nations et pourquoi les choses sont telles qu’elles sont.



Muhindo Malunga Lusukiro
Réflexions sur la vie, l'humanité, le développement et le leadership
muhindoml@gmail.com | +243 993 401 064
Skype: Muhindo Malunga Lusukiro (muhindoml) | Twitter: @muhindoml

Comments

  1. Je comprend que le mal dans mon pays est extrêmement profond. Cela commence par le manque d'institution inclusive. J'ai souvent le sentiment que nos leaders politiques ne s'inquiètent en rien du bien et de la bonne gouvernance de nos populations.

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    1. Merci maman Olga, en fait le livre montre pour nos leaders opposent le développement et les sources de guerres intestines. Tout le monde veut être politicien pour l'enrichir et cela crée un cercle vicieux

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    2. Si la révolution industrielle a commencé en Angleterre, si c’est là qu’elle a connu des plus grandes avancées, c’est parce que ce pays s’est doté d’institutions économiques inclusives uniques. Celles-ci reposent sur des fondations posées par des institutions politiques inclusives, elles-mêmes produites par le Glorieuse Révolution.

      Donc pour une liberation d’une nation, il faut obligatoirement la revolution du peuple qui est opprimé par l'élite dirigeante

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  2. Je comprends que le peuple a un grand rôle à jouer dans sa propre libération,

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    1. Oui oui, nous avons un grand rôle à jouer dans notre propre libération

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  3. Amazing blog indeed. Thanks Dear Malunga

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